Weird pages
Je viens d’acheter à Bucarest un Urmuz d’occasion, et je l’avais dans ma bibliothèque, il y a des livres qui passent dans l’invisible, qui font des signes désespérés, crient, comme l’homme nu dans l’œuvre de John Zorn inspiré par Urmuz, mais personne n’est là, ou pas moi, ou pas moi celle du 2024.
Personne ne lisait Orwell, à l’Est en 1984, car nous on avait d’autres chats à fouetter (pourquoi les français font violence aux chats, je ne veux même pas le savoir). C’était l’année de disparition sans traces de mon père, et croyez moi, je me suis préparé, par écrit et avec CNV d’avoir la compassion des gens qui travaillent à la CNSAS (les dossiers de la Securitate, police politique hélas résiliente), no way, pas seulement ils n’ont pas pleuré pour moi, mais ils m’ont presque foutu dehors, en disant que tout est déclassifié, rien à attendre de nouveau et que les dix documents datant de 1964 à 1974 sur ma pauvre mère doivent me suffire. Seul le jeune policier à l’entrée m’a demandé, accueillant, si je reviens le lendemain. Du coup, j’ai décidé de revenir plusieurs fois par an, pour le plaisir dans un seul sens de les revoir.
PS1 J’ai fait deux demandes chez CNSAS pour photocopies et dé-conspiration des noms de code. Rien sur mon propre dossier et rien sur mon père qui peut-être encore en vie sur cette planète, avec deux filles qui pensent à lui tous les jours.
PS2 Faites moi signe si vous voulez lire Urmuz en roumain ou en anglais, avec des illustrations magnifiques signés Ion Mincu, livre rare, édition 1985, Pagini bizare / Weird Pages
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